MIKE ZITO : Blue Room (2018)

Le feu allumé par son dernier album vient tout juste de se calmer que le père Mike sort encore un nouveau disque. Mais non, c’est un piège car ça n’a pas vraiment le goût de la nouveauté. En effet, il s’agit de la première réalisation de Mike qui date de plus de vingt ans et qui était sortie sur un label indépendant à l’époque. Ressorti par Ruff Records, ce « Blue room » permet de découvrir ce que le jeune Zito avait dans le ventre mais aussi de mieux comprendre son évolution musicale. On constate tout d’abord que ça cartonne rudement avec une guitare qui mitraille sans pitié. La bataille commence avec un blues-rock syncopé appuyé par une basse jazz-rock (« Hollywood »). « Pull the trigger » démarre par un bruitage d’armement de flingue, prélude à un blues-rock mid tempo avec un solo de tueur. Le blues-rock rapide « It’s all good » est agrémenté d’une rythmique funky sur les couplets et d’un solo costaud. Deux morceaux jazz-rock avec une touche funky sont également proposés : « Gravy jam » (et sa guitare à la Jimi Hendrix) et « Lightening bug ». Le blues lent « Lovering » (avec une six-cordes « hendrixienne ») prouve que le jeune Mike possédait déjà une sacrée technique. Le bon shuffle « Shoes blues » fait taper du pied avec une slide infernale tandis que l’ombre du grand Jimi plane encore sur l’instrumental « Soundcheck ». Quant à la ballade pop « Rocket man », elle sonne très seventies avec une guitare planante et rappelle par moments certaines chansons de l’album « Ziggy Stardust » de David Bowie. Maintenant, ce disque peut surprendre tant il diffère du style actuel de Mike. Mais il ne faut pas oublier que ce « Blue room » date d’une vingtaine d’années et reflète l’état d’esprit de Mike à cette époque. Comme beaucoup de jeunes guitaristes, Mike était tombé dans le piège de la démonstration technique au détriment du feeling (comme le démontrent ses nombreuses envolées dans le style « mitraillette » de Jimi Hendrix). Ce qui donnait au final un album qui cartonnait mais restait assez banal et même un peu ennuyeux à la longue. Mike Zito aurait pu continuer dans cette voie et grossir l’immense masse des gratteux blues-rock qui sonnent tous de la même façon. Heureusement, il a entendu l’appel du blues !

Olivier Aubry